Aujourd'hui, lire simplement ceci, Roselyne Bachelot compris ...

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Sur Le Post, le billet de William Réjault, relatif à la mort d'un petit garçon à la suite d'une erreur médicale ...

"J'ai frémi hier en entendant parler de cette infirmière mise en garde à vue et mes pensées se sont tournées autant vers la famille que vers elle, dont la vie se brise en un instant, au même instant que celle de sa petite victime. Double peine à venir, celle de la justice et celle de la culpabilité, bien plus longue.

 

Cette erreur médicale, c'est la sienne mais c'est la mienne, c'est la nôtre, nous soignants qui travaillons chaque jour un peu plus dans des conditions déplorables, dégradées, dégradantes, pour des salaires minables, face à une ministre qui balaye toute objection, toute requête d'un revers de la main:

"Vous n'avez pas besoin d'augmentation ou de moyens, vous avez toute la reconnaissance du public et cela vous suffit largement" me confia un jour Roselyne Bachelot alors qu'elle visitait le salon de l'Infirmière, en 2007. J'étais édifié.

J'ai un jour quitté l'hôpital pour fuir le Taylorisme instauré par les comptables et les dirigeants sortis des écoles de commerce : tout avait un coup, tout était chronométrable, tout était inscriptible dans des cases, chaque maladie avait sa réponse et son besoin quantifiable. J'étouffais. On punaisait des chartes de qualité au mur, de la poudre aux yeux qui justifiait tout ce qu'on faisait disparaître, en coulisses.

La carte bleue a remplacé la carte vitale et je vais quitter dans quelques jours mon métier, en espérant des jours meilleurs. Je fuis pour ne pas commettre l'irréparable, comme cette femme : à travailler trop vite, à travailler toujours plus seul, avec des collègues épuisés, des médecins en sous-nombre, des cadres dépassés au langage technocratique, à travailler contre la montre et les dépenses, on travaille contre le patient et parfois, parfois, on dérape.

Ce matin, je pense à la famille, je pense à cette soignante et je pense enfin à tout ce qui n'est plus dans notre système de soins et qui ne reviendra pas. Je ne dis pas que cette infirmière n'aurait pas fauté ailleurs, un autre jour : nous fautons tous car nous sommes humains. Ce sont les conditions de travail qui ne le sont plus, depuis bien longtemps."

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