Un gouvernement confiant

Publié le par Emmanuelle Colombani

Les points principaux du discours de politique générale de François Fillon. Je ne m'étendrai pas davantage sur les arguties qui ont précédé et suivi ce discours, présentant un premier ministre marionnette ou fantôme au gré des uns et des autres. Bien sûr, François Fillon n'a pas "inventé" son programme, bien sûr il n'y a rien de très nouveau dans ses annonces d'hier. Comment pourrait-il en être autrement, quand la campagne présidentielle a permis aux français d'élire un président sur un programme précis, qui est maintenant celui mis en oeuvre par le premier ministre ? J'entends ça et là de pseudo-constitutionnalistes gloser sur un quasi coup d'Etat qui serait à reprocher à Nicolas Sarkozy, la main-mise sur des insitutions qu'il détournerait au profit de l'exercice de son pouvoir tyrannique ... Je ne cesse de répéter que la Constitution de la Vè République permet tout ce qui est maintenant réalisé. Comme elle a permis la cohabitation en son temps. Elle a permis l'exercice du pouvoir par le Général de Gaulle, et chacun sait à quel point, sans dénigrer ses premiers ministres, cet exercice aura été personnel et personnifié. Elle a permis à Valéry Giscard d'Estaing de s'éloigner de cette vision. Elle a permis à François Mitterrand de cohabiter. Elle a permis à Jacques Chirac de cohabiter également, et, le reste du temps, de n'assumer de sa fonction présidentielle que ce qui était écrit stricto sensu dans le texte constitutionnel : défense et politique étrangère, laissant ses premiers ministres assumer seuls à peu près tout le reste. Elle permettra à Nicolas Sarkozy d'exercer un pouvoir conforme à la réalisation du programme sur lequel il a été élu, quitte à ce que cette Constitution soit modifiée pour le permettre. Elle ne sera pas modifiée par la magie d'un coup d'Etat mais par l'accord de parlementaires régulièrement élus. Ou bien ces modifications seront refusées par ces mêmes parlementaires.

Pour le reste, certes, Dominique de Villepin était certainement plus flamboyant ... et plus creux, qu'un François Fillon plus dense mais plus scolaire et n'entraînant pas d'emblée l'empathie. Mais après tout, ce n'est pas ce qu'on lui demande en priorité, n'est-ce pas ?

Réforme institutionnelle

Création d'une commission « de personnalités incontestables pour leurs compétences » pour faire des propositions sur la modernisation des institutions. « Les pouvoirs du Parlement doivent être renforcés », avec notamment un « contrôle parlementaire » des nominations à « certains postes publics ». Introduction de la proportionnelle aux législatives : « aucun sujet ne doit être tabou ». « Nous devrons engager (...) une révision de la carte des circonscriptions législatives ».

Éducation
 
Le gouvernement va consacrer 5 milliards d'euros d'ici à 2012 en faveur des universités, qui sont une « priorité absolue ». « Globalement, la part du PIB consacrée à la recherche doit tendre vers les 3 %. » Il faut « conduire 50 % de notre jeunesse vers un diplôme de l'enseignement supérieur ». « Quatre fois par semaine, écoliers, collégiens et lycéens pourront bénéficier d'un encadrement éducatif d'au moins deux heures par jour », sous forme d'« études dirigées, de fin de journée », qui « seront notamment assurées par des professeurs volontaires et par des assistants d'éducation ».
 
Culture
 
« Le financement des chantiers pour le patrimoine ne devra plus subir les fluctuations aberrantes du passé.» «Expérimentation » de la gratuité dans certains musées parisiens et de province.
 
Quartiers, logement
 
Lancement d'« un plan respect et égalité des chances » en faveur des « quartiers difficiles », visant notamment à « désenclaver » ceux-ci. Le gouvernement se fixe « l'objectif de 500 000 nouveaux logements construits par an, dont 120 000 logements sociaux ».
 
Partenaires sociaux
 
Il faut une plus grande liberté de candidature aux élections professionnelles, passant par « une élection à un tour ouverte à chaque syndicat légalement constitué dans l'entreprise ». Les partenaires sociaux doivent engager une « véritable refondation » de la formation professionnelle. Les partenaires so-ciaux devront « faire des propositions précises, notamment sur l'évolution du marché du travail ». « À la fin de l'année, elles devront être mises sur la table. Si tel n'est pas le cas, le gouvernement prendra ses responsabilités sans faillir.»
 
Sécurité sociale
 
Le plan de redressement de la branche maladie de la Sécurité sociale, proposé en juin par l'assurance-maladie, sera « ratifié sans délai ». La mise en place de franchises « peut être une solution ». Le gouvernement étudie comme une « solution possible pour 2008 » une « franchise fractionnée avec un plafond annuel par personne ». Il faut un débat « sans a priori » sur un « bouclier sanitaire » qui permettrait de « plafonner ce que paie chacun pour sa santé en fonction de son revenu ».
 
Économie, budget
 
«L'objectif du gouvernement est simple et clair, c'est le plein-emploi », avec un taux de chômage réduit à 5 % de la population active. «Imaginer ensemble une nouvelle croissance », notamment par la revalorisation du travail. Le gouvernement rétablira « la situation budgétaire à l'équilibre en 2012 au plus tard », et la dette publique sera ramenée au-dessous de 60 % du PIB. «Dès 2008, les dépenses de l'État seront strictement reconduites en volume. »
 
Environnement, agriculture
 
Le gouvernement « ne laissera pas les négociations au sein de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) se déployer contre notre agriculture ». L'eurovignette (le péage pour camions sur les grands axes de l'Union européenne) «pourra être expérimentée sans tarder en Alsace ».
 
Immigration
 
«Ceux qui veulent venir en France devront avoir les moyens de s'y intégrer. » Ils devront « respecter nos valeurs républicaines », « apprendre notre langue » et avoir « un travail ». « À cet égard, des objectifs quantitatifs pluriannuels seront établis. »
 
Prisons, sécurité
 
Le gouvernement « s'attachera dans le cadre d'une loi (...) à faire progresser notre système pénitentiaire » et va « créer un contrôleur général des prisons et des autres lieux privatifs de liberté ». «Nous devons revoir la carte judiciaire » mais cela « ne saurait se faire sans concertation ». La « fusion de la DST et des Renseignements généraux sera rapidement menée à bien ». «La France n'est pas à l'abri » du terrorisme. « Nous évaluerons les bénéfices qu'a retirés la Grande-Bretagne de l'installation d'un réseau de télésurveillance. »

Publié dans Actualité politique

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