Laurent Wauquiez, encore un peu porte-parole du gouvernement ?

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Peu de temps dans l'émission Le Franc Parler, hier soir sur France Inter, consacré au Secrétariat propre à Laurent Wauquiez, mais plutôt un retour dans son rôle d'avant les municipales : porte-parole d'un gouvernement. En effet, on a bien parlé emploi, mais tant que cela, et surtout fort peu du rôle attribué en la matière à Laurent Wuaquiez, moins de 10 minutes ...

La différence : avant, quand François Fillon était à sa tête, le gouvernement étant aphone, son porte-parole n'avait pas grand chose à dire.
Par contre maintenant que c'est Nicolas Sarkozy qui est Premier Ministre, il y a plein de choses à dire ... Pardon ? Ce n'est pas Nicolas Sarkozy, c'est ... Xavier Bertrand ... Ah oui, c'est vrai, je m'ai gourée ...
En tous cas, un grand plaisir hier soir de retrouver Laurent Wauquiez, qu'il soit Secrétaire d'Etat ou porte-parole, il parle bien et on comprend tout ce qu'il dit ! Toujours poli et policé, ce qui ne gâte rien.

Il dit faire partie des ministres qui ont des chantiers "un peu difficiles" à conduire en terme de réforme. Les réformes se tenant les unes les autres : l'emploi des séniors influant sur les retraites, l'insertion des jeunes sur la formation et l'éducation nationale, etc ...
Il dit porter une vision cohérente : il est drôlement fort, Laurent, parce que sans lui on ne la visualise pas toujours bien, comme ça !

Et François Fillon dans tout ça ? Il assure "aussi" le lien quotidien entre toutes ces réformes, le "aussi" dans le sens "il n'est pas le seul". Et il n'y a aucune divergence de fond entre lui et le Président de la République, seulement parfois des petites tensions mineures, des moments de débat ...
Le Premier Ministre n'est pas évincé. Le seul changement qu'on peut noter dans la pratique institutionnelle, c'est que le Président a clairement choisi de ne pas être en recul et de ne pas se protéger. Et il soutient réellement les réformes engagées par ses ministres. Ce qui, là, est un vrai changement. Sarkozy, c'est "je fixe les caps, et j'assume mes responsabilités".

Et la relation Sarkozy-Coppé, pas facile, hein ? ... d'après lui, on disait la même chose à la fin du précédent quinquennat sur les relations entre Jacques Chirac et sa majorité parlementaire. Il faut que les ministres, tous les ministres, comprennent qu'on ne peut pas se couper de sa majorité parlementaire, il faut rester à son écoute. IL y a un travail d'auto-critique réel à mener. Et c'est là le point clef de la réforme des institutions: redonner au parlement le rôle d'aiguillon positif de la majorité : gouvernement comme majorité parlementaire doivent être au service des réformes à mener, du programme sur lequel ils ont été élus. Personne ne doit se laisser emprisonner par des lobbys.

Et alors, question 35h, on en est où ? Il y a quelques jours, le Premier ministre dit "il faut en finir avec les 35 heures". Ce matin [hier] Patrick Devedjian dit la même chose, et demande que cela soit fait dans l'année. Mais en même temps, dans la journée, Xavier Bertrand, soutenu par Nicolas Sarkozy,  dit "on maintient la durée légale des 35 heures". Alors ? On a basé des réformes, notamment les heures supplémentaires, sur cette durée des 35h, on ne peut revenir là-dessus, ce serait détricoter ce que l'on vient de faire ! Ce qu'il faut, c'est de la souplesse, entreprise par entreprise, et c'est là qu'est la rupture avec cette loi sur les 35h !

Le passage à 41 ans de cotisation pour la retraire : si on veut assurer le financement durable de nos retraites, revaloriser les petites retraites, il n'y a qu'une seule solution si on ne veut pas augmenter les charges. Taxation du capital, des stocks options, ne suffirait pas, et de loin. Que gagne-t-on en taxant les stocks options ? 200 millions d'euros, peut-être mais beaucoup d'argent risquerait de s'évaporer sur les marchés boursiers extérieurs ... On ne peut être dans "l'affichage médiatique", le passage aux 41 annuités semble plus sérieux.

L'emploi des séniors est important, puisque le passage aux 41 annuités n'aurait aucun sens si on ne change pas les mentalités en la matière. On paie la facilité avec laquelle on a fait de la statistique positive à bon compte en excluant les séniors des chiffres du chômage et en les dispensant de recherche d'emploi. On doit ramener vers le marché du travail les publics qui en ont été durablement exclus ces 20 dernières années : les jeunes, les chômeurs de longue durée, les RMIstes, et les séniors.
Sera inscrit dans la loi le principe que toutes les entreprises qui ne se sont pas fixé des chiffres précis en terme d'emploi des séniors, des plans de formation, des plans d'investissement pour soulager par exemple la pénibilité des marchines, toutes ces entreprises seront pénalisées dès le début 2010. On laisse un an aux entreprises et aux partenaires sociaux pour trouver des accords.

L'emploi des jeunes, notamment dans les quartiers populaires : conclure avec de nombreuses grandes entreprises des accords pour qu'ils recrutent des jeunes et les forment. C'est du concret, c'est de la réalité sur le terrain, plutôt que de faire des grands plans, très technocratiques, qui n'aboutissent jamais.

"L'offre d'emploi acceptable" : Laurent Wauquiez indique qu'il est défavorable à la contrainte en terme de kilomètres : fixer un seuil à 50 ou 80 km, serait déconnecté du terrain et abherrant. Par contre, une feuille de route sera fixée entre le service public de l'emploi et le demandeur d'emploi, avec des exigences des deux côtés : le demandeur s'engage à rechercher, tel poste, dans telles conditions, mais aussi qu'est-ce qu'on lui offre : formation, financement pour passer son permis, ou acheter une voiture .... Donc fixer un plan personnalisé. Au bout de 3 mois : 95% de rémunération du salaire antérieur. Après 6 mois : principe de mobilité raisonnable : 30 km en zone rurale ou 1 heure de transport en commun dans une grosse agglomération urbaine. Au bout d'un an : un emploi dont la rémunéation est supérieure à l'indemnisation offerte par le chômage.

Fusion du service public de l'emploi : on n'est pas dans un logique de rationnalisation des coûts budgétaires, on ne va rien supprimer, mais améliorer le service rendu au demandeur d'emploi : mise à disposition d'outil, coatching, etc ... Mais avec le principe de l'équilibre entre les droits et les devoirs.

Sur l'introduction dans notre Constitution de l'interdiction du déficit budgétaire et de l'équilibre obligatoire des comptes de la Sécurité sociale : un cycle économique en France dure environ 5 ans, parfois les recettes rentrent, parfois moins. Il faudrait économiser pendant les périodes où ça va bien pour pouvoir redistribuer dans les périodes où ça va moins bien, ce que les Etats-Unis font très bien mais nous pas du tout ! Il faudrait simplement être à l'équilibre sur un cycle, sinon, ça veut dire qu'on se finance chroniquement par l'endettement, et ça n'est pas bon. C'est une gestion de "bon père de famille", c'est tout. Sur la Sécurité sociale : le défi est de financer le fonctionnement sans s'endetter, l'inscrire dans la Constitution, c'est mettre une pression supplémentaire sur le politique qui manque souvent de courage. Par contre, construire un hôpital, rénover, ouvrir des maisons spécialisées, ce n'est pas du fonctionnement, ça doit être finançable par l'endettement.

Sur le service minimum à l'école : soulager les parents en respectant le droit de grève. C'est tout.
Sur le service minimum dans les transports : fonctionnera-t-il jeudi ? C'est à Xavier Bertrand et Dominique Bussereau de répondre. Il n'y aura certainement pas pour la première application grandeur nature 100% de circulation des transports. Mais il y a du progrès.

Publié dans Actualité politique

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