Les adieux de l'Académicien-Cardinal Jean-Marie Lustiger

Déjà diffusé le 01 juin 2007

Peut-être ne me croirez-vous pas, mais en programmant cette rediffusion hier matin, il m'est clairement venu à l'esprit que Monseigneur Lustiger serait peut-être mort alors ...

Jeudi 9 août, la veille de ses obsèques, une journée de veillée auprès de la Chapelle ardente se tiendra de 9h à 22h en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

L'élection -magistrale- de Max Gallo hier au fauteuil de Jean-François Revel, restera à jamais marquée par les adieux du Cardinal Lustiger à ses pairs académiciens (il remplaça à l'Académie le Cardinal Decourtray en 1995).

On le savait très malade, atteint de ce qu'on appelle pudiquement une "grave maladie". On sait désormais depuis hier que sa fin est toute proche, qu'elle n'est qu'une question de jours.

Son retard d'une demi-heure sur son arrivée annoncée ne lui aura pas permis d'élire lui aussi Max Gallo personnellement, mais dès qu'il a pénétré les lieux, poussé par un tiers dans un fauteuil roulant, le Cardinal Académicien a pris la parole, sous le portrait de Richelieu :

"Le nouvel élu est notre élu à tous. Mais en réalité, je ne vais pas vous le dissimuler, je ne suis pas venu pour vous retrouver, je suis venu pour vous quitter. Vous ne me reverrez pas. J'en suis triste, mais je sais que je ne cesserai pas de penser à vous. Les premiers seront les derniers. Ici, je n'ai pas été très assidu, mais là où je serai, je serai très présent pour m'occuper de l'Académie, je vous donne l'assurance de mes prières, ici et ailleurs".

L'émotion sous la coupole a été considérable, ainsi que l'a montré le témoignage notamment de Jean-Denis Bredin, son ami, à qui il a glissé : "Quand je dis adieu, je dis à Dieu, à vous, à tous".

Agé de 80 ans, le Cardinal séjourne depuis la mi-avril dans un service de soins palliatifs de la Maison médicale Jeanne Garnier dans le XVè Arrondissement. Il a reçu le 26 mai dernier un prix remis par le Ministre polonais de la culture.

Le Cardinal Lustiger présente la particularité remarquable parmi les dignitaires de l'Eglise catholique romaine d'être né dans la religion juive, de son nom de naissance Aaron Lustiger. Il s'est converti à l'âge de 14 ans en 1940. Déportée à Auschwitz, sa mère y décèdera en 1942.

Sa dimension spirituelle exceptionnelle, ainsi que sa stature internationale lui vaudront une renommée considérable en dehors de nos frontières. Il a su exprimer au public, même non catholique ou non croyant, par ses ouvrages, sa foi, de façon claire et intelligible, ce qui, à mon sens, est assez rare. Je ne l'ai jamais ressenti comme un mystique illuminé. Il est proche des gens, délivre un message religieux moderne et à la fois ancré sur des bases anciennes communes à toutes les religions dites "du Livre". Tout particulièrement la lecture de son ouvrage "Le choix de Dieu" m'aura marquée.

Je lui souhaite une fin paisible, une fin d'homme de Dieu qui aura oeuvré pour ses frères tout au long de sa vie. Bonne route !