Une fois n'est pas coutume : me voilà presque d'accord avec Michel Onfray
Déjà diffusé le 23 mai 2007
L'exilé d'Argentan, celui est passé de Bové à Royal pour finalement voter blanc aux dernières présidentielles, celui qui juge très chouette de manger des cerises en janvier puisqu'elles arrivent par avion (sic ! bonjour la mondialisation et la compensation carbone !!!),
Michel Onfray, donc, a pondu hier dans l'Humanité une tribune libre au nom évocateur : "Supplique au Parti pour qu'il fasse la Révolution", tribune qui, finalement, n'est pas dénuée d'intérêt ni de sens, je me dois de le reconnaître.
Son constat :
La Gauche est à refonder. Le PS est dans l'incapacité totale de le faire, puisqu'il désire, et ses électeurs derrière lui, s'allier avec le centre, voire la droite. Il était dans une logique social-démocrate depuis 1983 et va certainement rester sur cette ligne dans son évolution puisque c'est le courant qui semble majoritaire au PS. Par conséquent, le PS abandonnera définitivement ce que Michel Onfray tient à appeler "la Gauche de Gauche" (et non la Gauche de la Gauche), une Gauche antilibérale en piteux état.
Pour autant il est également conscient que cette "Gauche de Gauche" ne pourra pas aller bien loin seule, sans refondation. Si on reste dans un concept de pureté, on ne s'allie ni à droite ni au centre, on ne pilote pas de région avec eux, on ne met pas, en somme, "les mains dans le moteur", et le seul mot d'ordre est : "Pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour". C'est bien mais cela ne permet pas de s'engager dans l'action, de participer à la vie des communes, de faire de la politique active. C'est le problème de cette extrême gauche actuelle.
A son sens, seul le PC peut relever le défi : il a l'idéal de l'extrême gauche, mais avec le souci de la réalité, selon lui. Mais il est tombé électoralement tellement bas qu'il lui faudrait envisager une véritable "déstalinisation". En effet, il y a des gens, au PC, comme Clémentine Autain, qui sont d'une autre génération, qui n'ont jamais soutenu les pays de l'Est et qui sont tournés vers l'avenir.
Le PC devrait devenir le seul parti de masse de la gauche de gauche, antilibéral, pour que la révolution commence à se faire d'abord à l'intérieur du Parti, avant d'envisager d'avoir une vraie politique de gauche sur le terrain.
Je ne disais guère autre chose hier,
"Pour la plus grande partie du PS, celle qui continue à désirer se ranger derrière Ségolène Royal, si ces valeurs et ces projets sont ceux qu'elle a soutenus dernièrement, alors qu'elle fasse un parti de centre, pourquoi pas, avec François Bayrou, ou qu'elle accepte, comme certains d'entre eux l'ont fait, de travailler dans l'union avec Nicolas Sarkozy au projet de relancer la France. Tout ce monde-là doit pouvoir, peu ou prou, se retrouver sous l'appellation de social-démocratie."
"Pour l'aile gauche du PS et ce qui reste de la gauche, leur vision est trop différente. C'est notre société qu'ils désirent changer, en profondeur, nos rapports avec les autres puissances, notre vision de l'économie mondiale. C'est un projet tout à fait différent, sans porter de jugement de valeur. Eux, peut-être, pourront récupérer une partie de l'électorat traditionnel de la gauche, et encore ..."
NB : Pascal, si tu me lis, songes-y, je pense vraiment qu'il y a de l'avenir pour toi là-dedans.