Michel Onfray et l'Université populaire du goût

Publié le par Emmanuelle Colombani

Après la "philosophie", Michel Onfray revient à ses premières amours : la gastronomie ... Si j'étais la gastronomie, je ne lui pardonnerais pas ... !

Après nous avoir abreuvés de ses réflexions para-philosophiques, il cherche maintenant à nous enseigner le goût. Lequel ? Le sien, certainement ... A l'écouter parler, celui d'une cuisine de classe, car le politique  est partout chez Onfray... Le Politique au sens noble du terme, bien évidemment, car comme Monsieur Jourdain, Monsieur Onfray fait du politique en tout et presque sans le savoir, en tous cas sans avoir l'air d'y toucher, car c'est sale ...Beurk ...

Donc, une cuisine de classe, car comme il y a des produits de pauvres, il y a une cuisine de pauvres, et comme il y a des produits de riches, il y a une cuisine de riches ... salauds de riches, va ! Mais Monsieur Onfray a quand même les moyens, même s'il proclame en tous lieux et à tous propos qu'il a souvent refusé de l'argent pour faire telle ou telle chose, il avoue cuisiner avec les produits du marché, celui d'Argentan, bien sûr, car il serait politiquement incorrect de parler de Paris, bien sûr ... il cuisine le poivron, quand il a envie de cuisiner du rouge, il le marie avec la lotte, quand il veut l'associer à du blanc, par souci d'esthétisme ... et surtout, il mange des cerises en hiver, car "si c'est l'hiver chez nous, il ne faudrait pas oublier que c'est l'été au Chili", et "nous vivons à une époque mondialisée, il y a les avions, les cargos, qui apportent de bons produits hors saison, il ne faut pas s'en priver" ...

Alors manger les produits français de saison, c'est out, sachez-le, Michel Onfray a décrété un nouvel oukase ! Et la mondialisation, c'est super ! Alors là, c'est inattendu, chez Onfray, ça, je ne suis pas certaine qu'il ait mesuré la portée de ses propos quand ils se sont éjectés de sa bouche ... et pourtant, il les a réitérés, quand quelqu'un s'est étonné de sa réflexion ...

Si vous êtes un "cuisinier du dimanche", genre vous cuisinez le week end pour votre petite famille, après avoir, il est vrai, délaissé un peu les fourneaux la semaine à cause de votre travail, sachez-le également, vous ne trouverez pas grâce à ses yeux ! Les cuisiniers du dimanche sont honnis. La cuisine doit se vivre au quotidien, si possible à Argentan, tout au moins en dehors de Paris assurément, c'est une harmonie, un style de vie ...

Et pour en revenir au concept de cuisine de classe, la cuisine d'Onfray doit être celle des riches, car les cerises en janvier, même si c'est l'été au Chili, avec les coûts du transport, c'est pas donné ... Salauds de pauvres, va, comme aurait dit Jean Gabin dans La Traversée de Paris ... un film que Michel Onfray n'a pas dû voir, beurk, Paris, quelle horreur ...

Franchement, je préfère la cuisine de Jean-Pierre Coffe, et les conseils qu'il donne aux pauvres comme aux riches pour cuisiner et pour choisir les bons produits, que les couleurs soient harmonieuses et antiplatoniciennes ou pas ...

Lui au moins, il sait dire que parfois sur les marchés, c'est cher, et qu'il n'y a pas de honte à préparer des plats tout simples, pour avoir parfois un peu plus de moyens pour des produits plus onéreux à d'autres occasions ... Il ne présente pas une cuisine de classe, lui; ne cherche pas à mortifier les riches d'avoir les moyens de cuisiner certains produits, et n'instille pas l'envie chez les moins riches ...

Franchement, la lutte des classes dans la cuisine, il fallait oser, surtout la dresser en principe d'enseignement ... Onfray l'a fait !

Malheureusement pour la cuisine !

 

Publié dans Rediffusion de l'été

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D
Bravo ! je contresigne des deux mains ! Onfray est un bouffon, qui se consacre à la philosophie à peu près comme le gui se consacre au chêne et l'herpès au gland.
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E
Voilà bien de drôles de comparaisons ! mais je vous laisse libre de la teneur de vos propos ... et sur le fond, ils ne m'indisposent pas !