La Bande à Bonnot- aud : de Jules à Frédéric: suite et, je l'espère, pas fin ...
Si vous ne les connaissiez pas, les voilà : Sandra Freeman, Frédéric Bonnaud, Hervé Pauchon, Arnaud Viviant et Philippe Collin.
Si vous êtes auditeurs de France Inter, vous avez entendu leurs voix ... il est bon parfois de mettre un visage sur des voix qui disparaissent ... en tout cas, disparaissent de l'antenne de France Inter entre 16h30 et 18h ! Il restera Viviant le dimanche soir au Masque et Collin au Mangin Palace le dimanche matin ... pour les autres, ma foi, ce sera je l'espère ici ou ailleurs ... mais malheureusement plus sur France Inter, très probablement.
J'aimerais croire que tous les ponts ne seraient pas coupés, qu'une réconciliation serait possible ... mais quand les choses vont trop loin, comme dans un divorce, quel qu'il soit, il en reste des traces qui font que rien ne sera plus comme avant. J'ai bien l'impression que nous en sommes là avec la Bande à Bonnaud, et cela m'attriste.
Bien sûr le titre de ce billet est gentiment provocateur : je n'assimile pas sur le fond Jules à Frédéric.
Quoique ...
De Jules, que savez-vous, quelle représentation vous faites-vous ?
Son mouvement est né au début du XXè siècle, il était au départ agrégé à un mouvement syndical de défense des ouvriers ... mais il s'en est très vite désolidarisé : Jules Bonnot n'était pas Robin des Bois, il n'a jamais volé aux riches pour redistribuer aux pauvres, les biens qu'il a dérobés, il ne les a pas non plus donnés au syndicat ...
Lui et sa bande étaient des jeunes complètement en marge de la société, comme les années folles en ont comptés : entièrement contre le travail (alors qu'ils étaient très jeunes, et que s'ils avaient été enfants en apprentissage, on ne peut cependant dire qu'ils étaient usés par le travail et se battaient pour obtenir de meilleures conditions), contre la société, en marge de cette société, totalement incontrôlables, violents, comptant pour rien la vie ou la mort ...
C'étaient des méchants, bien sûr. Rien à redire à cela.
Le pouvoir en place s'en est débarrassé en faisant des exemples : 700 hommes en armes, avec des machines de guerre, pour abattre un seul homme, Jules Bonnot, retranché dans une maison de banlieue. Tous les autres ont peu à peu été abattus ou arrêtés dans les mêmes conditions, et exécutés.
Cette jeunesse-là, elle est pourtant proche de nous, elle correspond à un bouleversement économique et social, à une partition de la société, à des fossés qui se creusent, entre ceux qui "en sont" et les autres ... Relisez une fois encore le texte de NTN, "Le monde de demain", ici, et dites-moi si Jules Bonnot et son drôle "d'idéal" sont si loin de nous ?
Quant à Frédéric -Bonnaud-, il n'est pas comparable à Jules, c'est un charmant garçon, instruit, qui vient de fêter ses 40 ans hier je crois (bon anniversaire, Frédéric, malgré tout) ...
... on lui reproche de faire moins d'audimat que Ruquier ou Bouvard ? Ce serait pourtant plutôt une bon point que de ne pas rassembler les mêmes auditeur qu'Europe 1 ou RTL ? Si l'on souhaite concurrencer ces antennes à la même heure, il faut y mettre Stéphane Bern et on verra s'il fait mieux, ou même aussi bien ! Il faut comparer ce qui est comparable !
... il avait installé sur France Inter un ton, pertinent plus qu'impertinent, cultivé plutôt que mondain, critique plutôt qu'acerbe ... On lui reproche son élitisme ? Mes enfants de 11 et 13 ans l'écoutaient en sortant de l'école, ce sont des enfants tout à fait normaux, et pourtant, ils n'avaient pas de problème pour rester à l'écoute. Bien sûr, l'émission suscitait des questions, car ils ne comprenaient pas toujours de quoi "ça parlait", mais ce n'était jamais très difficile de leur répondre ...
Alors, si le but du Service Public est de ne surtout pas se poser de questions, de ne pas même les susciter dans l'esprit de ceux qui écoutent, que ce soit pour ne pas en entendre les réponses, ou parce que personne n'est là pour y répondre,
Alors si le but d'une institution de Service Public est de se repaître d'une loghorrée verbale bien digeste et pré-mâchée, qui laisse effectivement tout son "temps de cerveau disponible" aux publicités de H-5,
Alors le service public n'est plus ce qu'il était, et n'est surtout plus pour moi ! Vive les médias alternatifs et les radios sur le net !
La censure, ce n'est définitivement pas la suppression de "Arrêt sur Images", de Schneidermann après 12 ans d'antenne ! Mais celle de "La Bande à Bonnaud" après une année et pour des raisons avancées qui ne sont pas acceptables,
La censure, c'est sacrifier l'intelligence sur l'autel de la médiocrité,
La censure, c'est faire périr la culture sous le poids de l'audimat,
La censure, c'est dire que la culture, il y a déjà une radio pour cela, comme autrefois il y avait des cinémas pornos,
La censure, ce n'est même pas de reprocher à des animateurs leur trop forte orientation politique, parce qu'à ce compte-là, c'est toute la grille, ou presque, de France Inter qu'il faudrait revoir,
La censure, c'est en l'occurrence beaucoup plus vil que cela,
c'est tout simplement s'asseoir sur la libre parole et sur la culture.
C'est inadmissible.
C'est criminel pour nous et pour les générations futures.
Quand des responsables devancent des faits du Prince ou des désirs présidentiels qui ne se seraient peut-être jamais exprimés,
quand des responsables vont manifestement à l'encontre du service public, qui, bien au-delà de la rentabilité, doit songer à préserver ce pour quoi il a été fait et maintenu,
alors ces responsables doivent êtres remerciés.
Je ne pense sincèrement pas que ce soit les "Brigades du Tigre Sarkozy" qui soient responsables de cette censure ! Même pas ! Je pense que c'est simplement la bêtise et l'inconséquence d'une direction qui, par contre, a été mise en place par le pouvoir. Il y a une nuance, mais elle entraîne des responsabilités que je souhaite souligner fermement.
A quand le retour de Jean-Luc Hees ? Pascale Clark ? Jean-Michel Apathie ? Claude Villers, même s'il est retraité ? Jacques Chancel, même si c'est un ami de Sarkozy ? Préservons Kathleen Evin, Vincent Josse, Julien Delli Fiori, Daniel Mermet, José Arthur, Denis Cheissoux, Jean-Louis Foulquier, Paula Jacques, Kriss, Laurent Lavige, Philippe Meyer et Pierre Weill.
VIVA LA REVOLUCION !
Aujourd'hui, nous sommes tous des Frédéric Bonnaud.
"Les cons osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît" ...
... et surtout, ne lâchez rien !
Continuez à vous exprimer sur le mail de France Inter, ici, pour les relations auditeurs, ou le médiateur (Patrick Pépin) ou la rédaction de France Inter (Patrice Bertin),
ou là, pour vous adresser au Directeur de France Inter, Frédéric Schlesinger, et à Jean-Paul Cluzel, Président de Radio-France.
Continuez à signer la pétition de soutien à La Bande à Bonnaud !