Impressionnée par le facteur candidat
Après l'écoute d'Olivier Besancenot, peut-être pour la première fois de façon attentive, j'ai été impressionnée par sa sincérité et par son absence de "langue de bois". Bien sûr, ses thèses sont très éloignées de la réalité politique et économique actuelle, d'ailleurs il dit lui-même que le modèle politique dont il rêve "n'existe même pas" (sic), c'est tout dire ... Exit les expériences révolutionnaires faites auparavant, on a un regard critique sur les révolutions antérieures, et même actuelles, et la gauche doit garder un oeil sur ces révolutions ...
La rupture pour lui c'est "ôter à la minorité de privilégiés le pouvoir exorbitant qu'elle exerce sur l'économie et sur la vie de tous les jours". Il dit appartenir à une génération pragmatique, ayant des rêves plein la tête mais gardant la tête vissée sur les épaules.
Il ne revendique pas la possibilité de gagner cette élection, ce qu'aucun autre candidat ne fait, même pas ceux qui n'ont objectivement aucune chance d'y parvenir ... mais seulement la volonté de peser le plus fortement possible, notamment en mobilisant le peuple, sur les réformes qui pourraient être faites par un gouvernement de gauche. Il considère que les précédents gouvernements de gauche, même s'il y a quelques réformes à garder, n'ont pas fait une autre politique que la droite. Pour lui le problème est de continuer à considérer le MEDEF comme un partenaire à réunir autour d'une table de négociation alors qu'il est un adversaire social qui a empoché en 2005 65 milliards d'euros d'aides publiques et qui continue à dire que l'Etat ne lui donne rien.
Quid du deuxième tour ? Oui, il il fait une différence entre la droite et la gauche, il se présente CONTRE Nicolas Sarkozy ! mais il est contre Ségolène Royal quand elle prône une politique sécuritaire et quand elle veut faire une politique à la Blair.
Il incarne la gauche du NON et la gauche antilibérale. Ce n'est pas le cas par exemple de Laurent Fabius. Les signaux politiques dispensés vers la gauche par Ségolène Royal, Olivier Besancenot ne les voit pas. Quand elle parle de certains thèmes qui apparaissent "de gauche", c'est uniquement parce qu'il y a à gauche des gens qui poussent en ce sens. Les collectivités territoriales gérées par la gauche continuent à subventionner des grands groupes licencieurs qui font des bénéfices ... alors inutile d'inscrire dans son programme qu'elle va lutter contre ça, elle n'est pas crédible ! Comment exiger que les aides publiques soient rendues ? transparence intégrale sur les finances, publication des livres de comptes et levée du secret bancaire, industriel et commercial. Ca, ce sont des propositions concrètes qu'on ne trouve pas chez les socialistes. Or ce sont de vraies mesures d'urgence, et la LCR explique comment faire.
La LCR ne veut pas cautionner par une candidature antilibérale unique une nouvelle gauche plurielle qui ne fera jamais une politique de gauche. Besancenot dit lui-même n'être pas achetable contre une circonscription ou un strapontin ministériel, cela fait donc de lui un homme libre de faire des critiques et des propositions alternatives, en assumant son indépendance.
Sûrement un des candidats les plus sincères ... même si la sincérité ne fait pas nécessairement la valeur ... mais en tous cas il n'est pas allé pêcher ses idées dans tous les bistrots de France, il a une théorie, qui ne vaut que pour la LCR peut-être, mais le fait qu'il n'ait pas de véritable enjeu électoral lui permet sûrement aussi de conserver cette ligne. Dangereux pour tout le monde s'il était au pouvoir mais engagé sincèrement dans un combat avec des idées pour armes ... tant qu'il n'a pas le pouvoir, justement !