Au coeur de la ségosphère : une soirée de meeting ... royale, et sans chiffres, définitivement !
Suivant l'adage selon lequel on ne peut s'opposer qu'à ce que l'on connaît, je me suis rendue à un meeting de Ségolène Royal, pour confirmer ou infirmer de visu les impressions qui étaient les miennes à l'entendre à la radio ou à la voir sur le Web, moi qui n'ai pas la télévision ...
Les éléphants ne sont pas tous morts, il en reste au moins deux, je les ai vus hier soir : Jack et Martine étaient au rendez-vous. Ainsi que le banc et l'arrière-banc de tout ce que le Nord-Pas-de-Calais étendu peut compter de socialistes, et ça en fait, c'est une énorme fédération ... hier soir 9 000 personnes.
En premier lieu l'allocution d'un Michel Delebarre pêchu, drôle, en osmose avec la salle, en cette période de carnaval, volontiers farceur, surtout avec l'adersaire, celui qu'il ne nomme que "l'Autre" ou "Néness" (un jargon dunkerquois ironisant sur les initiale NS). Les blagues ne volent pas haut mais il met la salle dans sa poche ! Sur le fond, très percutant, ramenant son propos sur le Nord et sur le Dunkerquois en particulier, développant des thèses de réindustrialisation très intéressantes, ouvrant de véritables perspectives de développement portuaire pour la zone Dunkerque-Calais-Boulogne, qu'il pose en partenaires pour s'opposer à Anvers, Zeebruges et Rotterdam, pointant du doigt des insuffisances d'investissement étatiques en termes d'infrastructures ou de renouveau ferroviaire qui freinent ces développements. Par contre, la seule chose à noter sur la campagne de Ségolène dans son allocution est proprement hallucinante, il n'a pas pu dire cela seul, ses propos résultent forcément d'une concertation : il engage vivement Ségolène à ne pas aller sur le terrain des chiffres, car, dit-il, il n'a jamais été dit que ce soient des experts-comptables qui validaient les campagnes mais que c'étaient les électeurs qui se prononçaient sur ce qui était bon pour eux. J'engage chacun à se faire une opinion sur cet aspect du programme ...
Vient ensuite "la madone". Oui, la madone, car tout ce que l'on peut lire dans la presse concernant son attitude et son ton est vrai : elle récite une véritable litanie liturgique, son discours c'est la messe, sur le même ton. Elle a dû être coatchée par un ancien curé, c'est sûr ! tout y est, en plus du ton, les mots aussi : "vous demandez l'espérance, je vais vous donner l'espérance". Ajoutez à cela son affiche, sur laquelle elle a tout l'air d'avoir reçu une visitation divine, et le tour est joué !
Sur la forme, cette femme ne sait pas parler, ou bien elle souffre d'une maladie invalidante ... elle lit un papier, mal, elle trébuche sur les mots, se reprend, multiplie les maladresses de langage du type "aucune atteinte à votre autorité ne doit Zêtre acceptée ", et là elle ne se reprend jamais ...
Avec elle la salle est sans vie, elle ne vibre pas, elle ne réagit pas. Bien sûr, quand elle parle à une catégorie précise qui se trouve dans la salle, celle-ci se reconnaît et applaudit, mais rien ne s'embraye derrière. Parfois, sans qu'on sache pourquoi car son discours à ce moment-là n'est pas plus vif ni plus novateur, elle hausse le ton, pour quelques mots, puis tout retombe et on se rendort... Quelle différence avec l'ambiance que Michel Delebarre sait mettre dans une salle !
Sur le fond, c'est le discours de Villepinte, en édulcoré. Pour moi qui l'ai étudié à fond dimanche soir, rien de neuf, les phrases sont les mêmes, in extenso. Quelques mesures détachées pour l'Enseignement, des postes rétablis, des Etats généraux de l'Education organisés en mai ... c'est aussi l'occasion pour elle d'un nouveau problème de langage : alors qu'elle indique que 150 000 postes ont été déjà supprimés dans l'Education, elle demande aux enseignants s'ils souhaitent encore en voir supprimer, par non renouvellement des départs à la retraite ainsi que voulu par Sarkozy ... 300 ... elle ne se reprend pas, là non plus, alors que tout le monde murmure, "non, 300 000" ... un ange passe ... Comprend-elle toujours ce qu'elle lit, y a-t-il une tête pensante derrière l'icône figée à ce pupitre ?
Pour finir, exit le 2è porte-avion nucléaire pour refinancer l'Education Nationale. Comment ne pas écouter ensuite Sarkozy qui nous dit que l'on peut à la fois assurer la défense de l'Europe ET subvenir aux besoins de l'Education Nationale ?
Une soirée instructive, certes, mais qui ne relève pas le niveau de la campagne.
En conclusion : Vive Michel Delebarre ! C'est un super Maire de Dunkerque !
... et continuons d'attendre un hypothétique débat Néness / Ségo, ça devrait être aussi intéressant...