PS : le pari fou de Benoît Hamon
Edit à 13h : Martine vient de se porter candidate, ôtant à mon sens toute chance à la candidature de Benoît HAMON menée seule ... Soit d'ici jeudi Benoît se rallie à Martine, ce qui me semble douteux, connaissant son mouvement, soit le match sera inégal : Royal/Aubry avec toutes les chances de l'emporter pour Royal ...
Alors Benoît, met ta fierté et ton ego dans ta poche, avance sur tes 19% qui sont conséquents, et accepte, si ça n'est pas trop tard, de rejoindre la Dame de Lille, et, là, oui, vous aurez une chance de l'emporter !
Pascal, NDD, ne déconnez pas ... !
OK, il n'y aura pas qu'un seul candidat socialiste en 2012 si Ségo l'emporte jeudi, mais d'ici là, il va se passer quoi ? ... la position qui consiste à attendre que tout finisse par s'effondrer pour reconstruire du neuf ne me semble pas la bonne. Ou alors il fallait peser davantage que 19% la semaine dernière, les amis ... Le "après moi le déluge", ça me gêne un peu aux entournures, quand même ...
Bon, on en reparlera ... Vais attendre un peu avant de modifier, ou non, mon appel de fin !
17/11 - 23h50 ... après réflexion et visionnage du paysage socialiste aujourd'hui, VOTEZ MARTINE, en masse !
De quoi faire mentir le pourtant très en pointe habituellement Fred Lefèbvre, quand il disait la semaine passée : "Au PS, la lutte des classes a été remplacée par la lutte pour les places",
De quoi donner raison à ces vieux corses, qui racontent cette truculente histoire de leur Ile qui, désireuse de voir appliquer sur ses terres un "Plan Marshall" comme celui qui aida à la reconstruction de l'Europe, envisage de déclarer la guerre aux Etats-Unis ... ils rêvent, et puis, soudain, l'un d'entre eux soulève LA question ... : "Et si on la gagne, la guerre ?" ...
De quoi redonner de l'espoir aussi à tous ceux qui se désespèrent de retrouver un jour un VRAI parti socialiste; vrai en ce qu'il serait essentiellement "de gauche" et non de centre-droit tendance girouette et yoyo, lorgnant à chaque remontée ou descente du fil soit sur Bayrou soit sur Besancenot ...
Bref, peut-être, "en dépit que j'en aie" (aïe aïe aïe, une expression à rechercher si le sens vous en échappe ... ou bien vous continuez à lire ce billet et certainement vous comprendrez !), LA CHANCE DU PS.
Alors "la chance du PS", ce serait ce jeune Benoît Hamon, celui que Jacques Julliard du Nouvel Obs, classait sans même le nommer dans le numéro paru ce jeudi parmi les "vieillards" qui s'opposent à Ségolène ? (lire la chronique en lien, elle est édifiante de la "ségolènisation" des esprits ...)
Longtemps que j'évoque auprès de vous ce nom, ce mouvement, le NPS, celui qui rassemble ou rassemblait (pour Mélenchon qui sera peut-être parti trop tôt ... !) autour de Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, Marie-Noëlle Lienemann, Pascal Cherki, Régis Juanico, Françoise Castex, Vincent Jarousseau, Emir Deniz ...
Je l'évoque depuis longtemps, c'est vrai, parce que j'y compte un ami, un vrai, qui m'a permis d'aborder par la philosophie politique les racines de ce mouvement, en me parlant un langage que je comprends et auquel je me suis intéressée, même si je ne me suis pas engagée dans cette-voie-là, le marxisme.
J'ai longtemps aussi conseillé à cet ami de quitter le PS, de participer à la refondation de la gauche, d'une gauche dont l'idée-même ne serait plus abusivement trustée par le PS ... Inlassablement il s'est appliqué à m'expliquer qu'il ne le ferait pas, que son mouvement pouvait être l'avenir du PS, qu'il devait se battre en son sein pour voir triompher ses idées.
Ces idées, succintement, parce que la plupart d'entre vous, sans doute, ne les connaît pas. Le plus simple est de lire la motion qu'il a présentée au Congrès, la motion "C". Mais c'est long ... alors quelques grands principes :
- refuser la fatalité de l'économie de marché, sortir du libre-échange généralisé, adopter des mesures protectionnistes,
- répondre à l'urgence écologique,
- pour lutter contre les inégalités, redistribuer les richesses (salaires, retraites, protection sociale, logement, fiscalité)
- conforter la puissance publique dans ses rôles, et s'en donner les moyens financiers,
- changer le cours de la construction européenne (ils étaient tous pour le non au Traité Européen)
- défendre les libertés fondamentales face à la dérive sécuritaire,
- refus absolu de s'allier en centre, désir d'ancrer profondément le parti à gauche,
La semaine dernière, quand le verdict des motions est tombé, et que les 19% de Benoît Hamon sont sortis du chapeau, j'ai pensé "Waouhhhh, quand même 19% de gens de gauche au PS ... c'est pas rien !" ... mais j'ai aussi pensé que, seuls, ces 19% ne pèseraient pas grand chose. En tous cas pas suffisamment.
C'est pourquoi je pensais qu'un rapprochement Aubry-Hamon était souhaitable (d'autant qu'il a été un de ses collaborateurs et entretient des liens cordiaux avec elle), mais je le trouvais malgré tout incertain en terme de votes des militants ... et surtout je le voyais initié, emmené par Aubry, qui avait l'avantage d'être colorée "rouge clair", moins choquant, moins "chiffon rouge devant le taureau énervé" qu'un Hamon étiqueté "rouge foncé", tendance rouge sang ...
Dans la journée d'hier, en lien avec le Congrès de Reims, j'ai rapidement compris qu'il n'y aurait pas en fin de journée d'alliance Aubry-Hamon. Qu'Hamon maintiendrait seul sa candidature, que ce serait à Aubry de se rallier si elle le souhaitait. Qu'il n'abdiquerait pas. Que l'on souhaitait, dans ce clan-là, en plus de voir triompher ses idées, un "renouvellement des générations", et qu'on s'y tiendrait.
Soit.
Alors, parce que la France, de par son histoire, de par les fondements mêmes de sa démocratie (cf Révolution), de par ses institutions également (Constitution de la Vè République), a besoin d'une opposition vivante, proposante et en capacité d'exercer ses responsabilités en cas d'alternance,
alors, oui,
moi, détentrice d'une carte UMP (oui, je sais, Alex, je sais ce que tu penses, merci ... !),
j'appelle en conscience tous mes amis socialistes à soutenir la candidature de Benoît Hamon, et à encourager tous les militants qui devront certainement in fine départager les candidats jeudi prochain, à faire de même.
Pour éviter au PS la tentation.
La tentation.
Celle de l'île du même nom, tout d'abord. Cette espèce d'attrape-nigauds qui présente des couples en mal de désamour jouant à se faire peur avec des tentateurs et des tentatrices ... il faut dire qu'en tentatrice, Ségolène se pose un peu là ...
Celle de Saint-Antoine, ensuite.
Souvenez-vous, Gustave Flaubert, programme de 5è, 4è au collège ...
La tentation de Saint-Antoine, poème en prose, dans lequel l'anachorète (= le militant socialiste), à nouveau tenaillé par des envies, revit ses démons passés, en faisant face à des apparitions sensées les évoquer ...
- Antoine, tout d'abord, qui lui remet en tête le démon du luxe, celui de toutes les séductions (les séductions physiques comme celle ayant trait au pouvoir) : en aura-t-elle joué, Ségolène, de cette séduction ... avant la présidentielle, simple femme, pas encore icône, elle se présentait ravagée par sa condition féminine ("on me pourfend parce que je suis femme", "on me dénie l'intelligence, parce que je suis femme"), aidée en cela par les commentaires peu amènes de certains de ses pourfendeurs (on se souviendra de celui en Fabius, en particulier "Qui aura la garde des enfants ?" ...). Puis peu à peu, avec l'aide de "conseillers en communication", de diffuseurs d'image (comme on a des diffuseurs de parfums, des parfums de synthèse, chimiques et sans âme) qu'elle aura soin de choisir de plus en plus près de la com' pure puis du show biz, il n'y a pas de hasard (Nathalie Rastoin d'Ogilvy, Torreton, et enfin Dominique Besnehard) ... Jusqu'au Ségo-show du Zénith, réponse implicite et symétrique au sarko-show antérieur, cette longue logorrhée animée de mouvements incantatoires et au fond éthéré ...
- Hilarion, ensuite, qui remet en cause les dogmes et montre au moine égaré les failles dans les écritures divines, introduisant le doute ... C'est peu dire que le côté "religieux" de Ségolène est pour beaucoup dans son succès ... ses incantations, ses mouvements de mains, destinés à rassembler dans son giron le bon peuple de gauche, ses appels au rassemblement et à l'amour ... aura-t-elle joué aussi de cette corde-là, la divine, de ce moteur-là, donnant envie de croire, à quoi, on ne sait pas, d'ailleurs peu importe, mais "de croire" ...
- enfin, le démon "Sciences" dévoile à notre pauvre moine les secrets de l'univers ... après de longs moments d'égarement, l'anachorète se remet en prières et retrouve la face de Jésus-Christ dans le disque du soleil levant ...
Je ne connais pas le rôle exact que jouera Benoît Hamon dans cette histoire de tentation ... je ne le vois pas comme un démon ! encore moins comme le christ ! Mais sous cette amusante comparaison, j'ai seulement voulu montrer que si Ségolène Royal en venait, après un tel Congrès, de tels déchirements, de tels reniements, des attermoiements dont certains auront sans doute du mal à se relever (Delanoé), à devenir la responsable du PS, alors, oui, ce serait l'enterrement de ce parti.
Ce ne serait plus le parti de Jaurès. Plus celui de Blum. Plus celui de Mendès-France. Ce serait sans doute quelque chose de proche de ce qu'en avait fait François Mitterrand, mais, là, ce n'est pas un compliment.
Ne vous y trompez pas : ce ne sont pas les idées de Benoît Hamon et de Pascal Cherki que je défends au sens où je les partagerais. Je partage avec eux un ensemble de valeurs humanistes et une certaine vision de l'humanité, et aussi une connaissance particulière des idées politiques depuis le 19è siècle.
Ne pas toutes les partager ne m'empêche pas de les trouver respectables. Davantage que celles d'Olivier Besancenot par exemple, qui propose d'user de moyens que je ne trouve pas toujours démocratiques, même si la démocratie les autorise. Et c'est pour éviter que la gauche ne soit représentée en France que par des gens comme Olivier Besancenot que je souhaite vraiment que le PS porte à sa tête Benoît HAMON, pour éviter ce danger-là à la France. Et à notre démocratie.
J'ai, sur le fond, peu d'illusions sur ses chances de l'emporter ... je sais bien que les retournements de situations sont le propre du PS ... mais a-t-il encore des forces pour l'opérer, ce retournement ? ... à l'image de mon jeune copain Killcow (passé selon ses dires, à 17 ans, "de socialiste convaincu à socialiste blasé et doutant, et converti au cynisme" ...), ce parti recèle-t-il encore en lui l'énergie pour se remettre sur pieds, ou bien s'abandonnera-t-il à la vivifiante mollesse des royales paroles ?
Mais j'ai envie d'y croire, comme ce vieux corse, qui, au milieu du rêve, s'est exclamé : "Et si on la gagne, la guerre ?" ...
Alors, à tous les militants socialistes qui me lisent :
jeudi prochain, votez Benoît HAMON !
Bon OK, parce que je suis à fond dans le "TSS" (= Tout Sauf Ségolène), votez pour Martine Aubry ! mais vraiment, vous y allez fort, les socialos, dans les conneries ! Et c'est un expert UMP qui vous le dit !